"De plus en plus d’entreprises pratiquent l'essaimage, une fabuleuse opportunité de créer une activité au sein de l'entreprise."
Créer son entreprise avec la bénédiction du patron
« Pourquoi votre employeur dirait-il forcément non ? » Monter son entreprise avec l’aval de son patron ne surprend plus Valérie Moissonnier, coach et intervenante dans le Master "Innover et entreprendre" à l’ECP (École Centrale Paris). « De plus en plus d’entreprises pratiquent l’essaimage (voir encadré), une fabuleuse opportunité de créer une activité au sein de l'entreprise, explique cette spécialiste de l’entrepreneuriat. C'est aussi plus répandu qu'avant parce que les entreprises préfèrent avoir des prestataires que des salariés. » Parmi les cas d’école : le pari réussi d’André Tordjman chez Auchan. Embauché comme directeur marketing, il lance en 2006, avec la bénédiction de son employeur, Little Extra, une enseigne de décoration à petits prix qui existe toujours. Seules conditions : « il faut bien voir comment on sera accompagné, insiste la coach. Savoir quel pourcentage d'activité sera fourni par l'entreprise et s’assurer d’autres clients potentiels ».
Le droit du travail prévoit des congés pour la création d’entreprise
Mais tous les candidats à l’entrepreneuriat n’ont pas forcément envie de rester dans leur ancien secteur… ou de garder des liens avec leur employeur. « Le Code du travail prévoit des possibilités de pauses dans sa vie professionnelle que l’employeur ne peut pas toujours refuser », observe Albert Hamoui, avocat spécialisé en droit du travail. Le juriste cite ainsi le congé formation ou le congé pour création d’entreprise (article L. 3142-78) qui peuvent être utiles. « S’ils remplissent les conditions nécessaires, les salariés ont intérêt à demander ces congés prévus par la loi. Car l’employeur peut difficilement les refuser, juste les reporter une fois. Et si jamais le salarié change d’avis, il peut retrouver son poste à l’issue de son congé. » « Actuellement, je suis un ancien publicitaire qui veut se lancer dans la pâtisserie, explique Valérie Moissonnier. Suivre une formation, c’est aussi une façon de vérifier que l’on est capable de changer de secteur. D’ailleurs, il existe aussi des formations à la création d’entreprise qui peuvent être utiles pour un salarié. »
Reprendre la boîte dans laquelle on est salarié
Enfin, on n’a parfois pas à chercher très loin pour devenir son propre patron. « Je ne pouvais pas regarder ma boîte couler sans rien faire », répète souvent Gilbert Caillaud. Le PDG de Griffon, une société vendéenne spécialisée dans les lits escamotables, n’est pas arrivé là par hasard. Longtemps et sans le savoir, cet ancien apprenti en ébénisterie s’est formé à plusieurs métiers qui lui ont permis un jour de diriger son entreprise. « Je suis entré chez Griffon comme apprenti en 1974. Quand on m’a proposé de devenir commercial, j’ai pensé avoir atteint le sommet de ma carrière ! » Mais quand l’entreprise va mal, il refuse de rallier la concurrence pour se consacrer à la reprise de sa propre entreprise pendant qu’il en est encore salarié. « J’ai proposé de reprendre l’entreprise et j’ai travaillé sur une offre. Sa connaissance du secteur et son parcours séduisent et rassurent les investisseurs comme les anciens clients. « Je ne me serais jamais lancé si je n’avais pas été certain de pouvoir me reposer sur une équipe solide. Mais je la connaissais bien depuis le temps que j’avais été salarié de l’entreprise ! »
Air France, Areva, EDF, Orange, Saint-Gobain, Sanofi, Schneider Electric, SNCF, SFR, Total, IFP Énergies Nouvelles, Eaux minérales d’Evian (Groupe Danone) sont des adeptes de l’essaimage... Si vous envisagez, à terme, de créer votre entreprise et avez l’occasion, en attendant, de postuler dans l’un de ces 12 groupes; foncez ! Membres du Diese (Développement de l’initiative et de l’entreprenariat chez les salariés des entreprises), ces entreprises encouragent ouvertement la création d’entreprise. Avec succès : selon l'APCE (l’Agence pour la création d'entreprises), les jeunes dirigeants pratiquant l'essaimage évaluent entre 70 % à 90 % leur taux de réussite à cinq ans, alors qu'en moyenne une entreprise sur deux ferme avant sa cinquième année.